Un post chiant et dubitatif à propos du chiffre 311

Début du post chiant et dubitatif à propos du chiffre 311 ------------------------------>

311. C'est le nombre de CD4 qui me restent. Quelle bande de lâches, se laisser bouffer par un virus imbécile J'ai perdu 250 (!) de mes précieux helper cells en quelques semaines, ce qui est proprement énorme et me turlupine un peu, mais pas trop quand même, je veux dire c'est le vih, pas un rhume des foins, il fallait s'y attendre. [Petite info, grosso-modo : moins de 200 : zone rouge / 200 - 350 : zone orange / 350-500 : 0k / 500 + : idéal.]

Et le pourcentage ? demanderons très à propos les très informés pozzies. Ben le pourcentage a chuté de deux étages, de 11 points exactement. Patapouf c'est moi l'andouille. Alors mon PTA (partenaire thérapeutique et ami) m'invite fermement à commencer sans trop languir une trithérapoche,  en me consacrant, très Joelle Mazart,  une heure  de son très précieux temps pour me présenter une par une les multiples combinaisons de pillules possibles et imaginables en fonction de mon lifestyle et de mes préférences individuelles concernant les effets secondaires potentiels. J'ai poliment décliné cette invitation pas très alléchante. J'entends déjà la clameur monter : ben poukoi ? Parce que je n'ai pas de baseline et que tout ca n'a ni queue ni tête.  Pour mémoire, il y a encore trois mois, mon système immunitaire était particulièrement rutilant et aurait fait bien des jaloux dans les backroumes. La fois précédente, bof bof, comme maintenant. La fois précédente, rutilant. Etc.
Normalement, après la séroconversion [Quel terme à la con, à croire qu'on entre en religion], un status quo maussade s'installe entre le boniface système immunitaire et le perfide Troyen, une espèce de Drôle de guerre qui dure quelques années. C'est ce qu'on appelle la baseline en worldenglish scientifique. Ensuite, l'un des protagonistes prend le dessus, celle qui n'a pas deviné lequel aura une tapette, mais on lui fait sa fête au moment stratégique choisi en fonction de la baseline et de la tendance. Normalement, autour de 350 bidules, en tout cas toujours au dessus de 200.

Ce post est d'un chiant...

Bon, et donc, moi, depuis le début, j'ai pas de baseline, y a pas de tendance claire, que dalle, juste des numéros comme piochés au pif, des pourcentages par défaut, des ratios farfeluches qui vont de trimestres en trimestre du simple au double, voire même au triple, et qui génèrent des courbes à la con tout en dents de scie qui ne veulent strictement rien dire et nous laissent pantois, mon PTA et moi. A part la fameuse charge virale, sagement basse et parfaitement stable, ce qui me fait une belle jambe.  Donc, même dans ce domaine je cyclothimise. Je suggère qu'on tire mon prochain bilan au loto de l'amicale laique de Pedernec, allez hop, N° 253,  ca sera tout comme. 310, c'est pas Stalingrad, sachons mesure garder, je ne vais pas mordre le gazon du jour au lendemain, j'ai pas à me plaindre. L'ennui, comme le soulignait mon PTA, c'est que ces variations inopinées et inexpliquées sont un peu louchasses et préoccupantes. Il ne faudrait pas que par malheur (touchons du bois) je cheye soudain sous la barre des 200 machins, dans quel cas, outre les périls potentiels associés à un système immunitaire par trop déplumé, j'écoperais d'une thérapie prophylactique anti-trucs-opportunistes pas très réjouissante et  deviendrais officiellement titulaire d'un diagnostic Sida AOC qui pourrait, rajoutons-en une couche, m'attirer quelques embrouilles concernant mon assurabilité en tant que travailleur indépendant, qui est vraiment un statut de merde.

Alors, au terme de cette consultation participative articulièrement animée, chaleureuse et constructive (pfff) malgré ma grognasserie face à ce dilemme kafkaïen, j'ai été vacciné contre la pneumonie (parce que je le vaux bien), et nous avons convenu (j'ai décidé et Joëlle a dit oui) que je serai désormais mensuellement ponctionné dans une dernière tentative d'établir une baseline, de discerner une tendance, d'identifier une cohérence, une direction, dans cette multitude de chiffres zabscons et de graphiques biscornus. I want my baseline. Et s'il n'y pas d'amélioration, eh bien je goberai, comme dirait l'ami Phil.

------------------------------< Fin du post chiant et dubitatif à propos du chiffre 311

Comments

[poly]

Voilà qui me rappelle le génial slogan du boucher-charcutier de mon enfance, lequel s'applique très certainenent à nous deux :

"De la tête à la queue, je suis tout délicieux".

Joyeux Noël à toi aussi.

[Azure-Te]

C'est horrible, ça me rappelle une femme de ménage dans l'endroit ou je travaillais (vilaine, vraiment, dans le genre mère de famille nombreuse de plus de cinquante ans qui se laisse aller), qui me voulait me voulait me voulait la malheureuse, (moi j'en avais 25), me harcelait, me coinçait dans les coins dès qu'elle le pouvait. Un cauchemar. Un jour elle a réussi à m'acculer entre deux portes et, le regard profond, ténébreux, brillant de désir, m'a dit, texto : "vous savez, le haut est un peu fatigué, bien sûr, mais le bas est encore bon."
Voilà, c'était mon anecdote de Noël. Joyeux Noël Poly.

[poly]

... à moitié dans ton lit. J'opte pour le buste et la tête, hi hi hi

[Barbarian]

ATTASSION POLY, tu sais ce qu'on dit...femme kiri....(ben heuh...femme kiri)

[Poly]

@Barba : ah mais non, reste, je suis aussi assez hilare sous mes airs dramacouinesques (Je ris de me voir si déplumé dans ce miroir)...