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Vu d'en face
19 janvier 2007

01/07 première quinzaine

Première quinzaine 07, on a recu (je sais, la cédille)  nos amis comédiens et Paul, leur mioche de 7 ans, que je surnomme nuchement Popol, je sais, c'est naze, mais c'est comme ca. Les malheureux vivent et travaillent sur une autre planète, dans l'Est,  une bourgade sinistre où il n'y a même pas adsl, on ne choisit pas ses engagements quand on est théâtreux, surtout à partir de 35 ans. C'est d'ailleurs de plus en plus vrai pour pas mal de jobs, j'ai constaté [Je recherche mollasse un emploi fixe, ras le bol, poujadisons un peu, de raquer près de 40% de l'argent amèrement gagné pour engraisser des armadas de fonctionnaires taciturnesrépugnants et aigris qui n'ont ensuite de cesse de me harceler pour des broutilles fiscales & administratives au lieu de me remercier, moi qui cofinance leur gras traitement, leurs cures à Baden bis et leurs préretraites indues] avec stupéfaction & amertume (gni) que j'étais déjà en voie de péremption pour quelques tafs fixes intéressants dans le très branchouille milieu des médias-audio-visuel-pub-machin, le degré de putréfaction avéré étant atteint, paraît-il, dès 42 ans.

Enfin bref, nos amis comédiens s'évadent trois-quatre fois par an de ce désert culturel pour passer une semaine ici et essayer de gommer en quelques jours trois mois d'ennui via une cure de théâtre, cinoche, expo, opéra, tout ca. On ne les voit qu'un jour sur deux. Pendant ce temps, je garde Popol et j'essaie très vainement de bosser un minimum, ce qui est impossible, puisque ce mioche ne tient pas en place, tyrannise mes chats, patouille mon ordi dès que j'ai le dos tourné, fait des batailles de paul-ochon (hin hin) avec des ennemis fantasmagoriques, renverse des verres (pleins, bien sûr), déverse des paquets de chips dans mon plat futon,  et j'en passe. Mais je l'aime bien, je le connais depuis qu'il a 5 semaines (il avait une tronche de pomme cuite), c'est un peu mon neveu, quoi. Je suis donc d'accord pour garder Popol mais j'ai mis une condition : c'est Popol et moi qui, d'un commun accord, décidons tous seuls du programme, on fait ce qu'on veut, on bouffe ce qu'on veut, les parents n'ont qu'à la boucler, fini les musées éducatifs, le jardin botanique, la viande bio, les légumes verts (ou rouges, d'ailleurs), les marionnettes imbéciles. En fait, c'est Popol qui décide, je feins de co-décider, quand il lance des suggestions trop idiotes, il se ravise de lui-même sans même que j'aie à intervenir, c'est dire s'il est futé.

Alors, pendant une semaine, on a fait des tours en bateau, on a mangé des frites en forme d'étoiles et du poisson frit dans un barquette en carton blanc. On a nourri non pas à des pigeons idiots mais des cygnes dépressifs, et comme il faisait très doux  on a bu des cocas en terrasse en se moquant des djeuns qui passaient avec leurs bag-trousers xxl de rappers pubères (je deviens un vieux con). C'était son idée. Et puis, on a fait des allers-retours en métro,  mangé des hot-dogs danois et des frites au curry, nourri des canetons pouilleux, et je lui ai comme toujours raconté un conte à la con. Cette fois, pas de poulette intersexuelle amoureuse d'un lapin borgne, non, mais la thématique de la discrimination étant toujours le fil conducteur de l'intrigue, l'histoire d'une âpre rivalité entre une éponge et une serpillière, style lutte des classes, quoi. La semaine dernière, quand ils sont repartis, j'ai poussé un grand ouf, et puis après, comme un vide ou plutôt un manque, on s'habitue très vite à ce gamin et je me suis dit que ca serait bien de le voir pousser, ce mioche, qu'il soit moins loin.

Première quinzaine, toujours pas d'hiver, pas une journée sans que la télé régionale, très scandinophile, diffuse des news déprimantes en provenance du nord, le permafrost qui craquelle, les rennes rachitiques en mal de lichen. Ici aussi, c'est très impressionnant, bien plus que les canicules, les tornades et le reste, il n'a pas gelé une seule fois et la nature est tourneboulée, les cerisiers fleurissent, les oies feignasses se sédentarisent, si ca continue comme ca, les hirondelles passeront l'hiver ici et se nourriront comme leurs compères pigeons de vomi scandinave. Deux tempêtes niveau max en une semaine, deux fois que le fleuve déborde, et aujourd'hui, sirènes, psychodrame, alerte nationale, congé pour tout le monde, pas de train, pas de métro, tout s'arrête, l'ouragan. On l'a échappée belle, pour cette fois.  Le comble de l'abrutissement, c'est sans doute la banalisation des canons à neige qui sont de vraies crasses niveau environnement, ou ces tonnes de poudreuse qu'on va affréter via convoi réfrigéré pour les championnats de ski de Kitzbuhel.  je veux dire, y a pas de neige cette année et il y en aura probablement de moins en moins, il faut s'y faire, c'est le réchauffement climatique, pas Disneyland. Quand il n'y a pas de neige et qu'on a plus qu'un pois chiche entre les oreilles, eh bien on ne skie pas, on fait autre chose, je sais pas moi, de la trotinette, des pique-niques, des concours de pétanque, des tournois de belote. Quand aux gérants de stations de ski qui soudain demandent que l'état ou l'UE les dédommage, je ricane, est-ce qu'on dédommage les hôteliers bretons quand l'été est pourri ? Enfin bref, à en croire les volubiles climatologues, on va droit dans le mur mais c'est pas grave, on va attendre trente ans comme des coNEs que l'UE impose enfin des quotas individuels de gaz à effet de serre alors que c'est vraiment pas sorcier de réduire ses émissions de CO2, et infiniment plus utile que d'aller voter pour un déséquilibré atteint de mégalomanie messianique ou une pouffénarque complètement déconnectées de la réalité. Une bagnole moyenne balance, oyais-je récemmenti,  3 à 6 tonnes (!) de gaz à effet de serre dans l'atmosphère par an, c'est quand même cradasse, trouvé-je. Soit dit en passant, les écolos radicaux m'énervent un tantinet avec leur côté moraliste-peine-à-jouir, mais sur ce coup-là, ils avaient raison depuis le début.

Première quinzaine, donc, dans une démarche pro-active et en vue de mon RV de la semaine prochaine chez mon PTA, je me coltine les sites et forums spécialisés pour être à même, le cas zéchéant,  de comixer le cocktail thérapeutique, histoire de garder l'illusion que c'est moi qui décide alors que de toute facon, c'est le virus qui mène la farandole.  Reyataz, Norvir, Sustiva, Kixeva, Truvada, blalbabla, un vrai casse-tête, j'espère (pas secrètement du tout) pouvoir attendre encore un peu parce que, contrairement à ce que répète le PTA (qui m'envoie régulièrement des SMS un peu tendres et fort peu professionnels, ce qui m'intrigue beaucoup) c'est pas vraiment le moment.
Parallèlement, ma mère est enfin casée dans un truc suffisamment médicalisé où l'on gèrera aussi son ostéoporose, son épilepsie chronique, les deux infections nosocomiales multirésistantes et la poignée d'autres séquelles physiques de ses derniers séjours thérapeutiques. Reste une incompréhensible histoire de tutelle-judiciaire-curatelle-administrative à régler et l'affaire sera dans le sac. Le cul de sac. Le sac fermé.  Parallèlement, aussi, tantine m'appelle tous les deux jours pour m'enjoindre solennellement de parler à mon père, lequel a bourriquement décidé de laisser courir, de ne pas se soigner, a tout simplement décrété que ca suffisait, marre des rayons, pas envie de chimio, sans parler de l'ablation que lui a fait miroiter le docteur,  lequel semble aussi psychologue qu'un vendeur de cic kebap. Alors, comme dans les dramatiques télévisées qui passaient jadis sur Antenne 2,  je l'appelle, lui fait doctement la morale (je suis bien placé, pfff), il le prend de travers (et je le comprends), me dit pour couper court à toute discussion : "de toute facon, tu sais pas ce que c'est, tu peux pas comprendre". Envie de lui rétorquer du tac au tac : "Ben si, papa, je comprends très bien, je trimballe moi aussi une espèce de crabe imbécile qu'il va falloir mater, je vais moi aussi me taper une espèce de chimio à vie". Rien dit, bien sûr.

Première quinzaine aussi et, pour rééquilibrer tout ca,  je suis amoureux de mon mari, amitieux de mes amis, euh, achatteux de mes chatTEs, j'ai deux douzaines de projets intéressants en cours, puisque, ca me manquait,  je re-sous-titre, j'ai  recouvré via la miraculeuse mélatonine un rythme de sommeil acceptable et décidé, en guise de résolution à la con pour 2007, d'adopter la no-drama attitude

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Commentaires
P
Et dans Truvada, il y a trou (-;
G
Dans Reyataz, il y a taz, et dans sustiva, il y a suce...
P
Ah ben il est arrivé et tout le monde se rétame en bagnole, zavaient qu'à prendre le métro.
P
Le passage sur l'hiver qui ne vient pas ...humpf...
P
Je crois qu'il voulait dire que je ne suis pas à même de comprendre son désarroi, sa lassitude et sa peur face à ce truc, et la décision de ne ne plus intervenir est à mon avis une espèce de défiance un peu puérile, les mâles ayant parfois tendance à retomber en enfance face à la maladie. Ne pouvant pas, pour son bien, lui dire texto ce que je je porte moi-même, je suis incapable de trouver les mots justes. Si tu savais comme ca m'emmerde de devoir mentir par omission...
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