"Saoulé par ses propres paroles"
La conférence de Notre Président vue par nos zamis Hélvètes :
(...)
Regards déconcertés des confrères. Ce président-là ressemblait
à un grand ado un peu perdu, sortant de sa pochette surprise ses
propositions pour sauver le monde: moratoire de six mois sur le Kosovo,
annonce d'une prochaine visite au Royaume uni pour convaincre Gordon
Brown de soutenir son «traité simplifié»...
Je l'ai, pour tout
dire, vraiment trouvé à côté de la plaque. Pas alcoolisé. Plutôt
survitaminé. Comme dopé. Quelque chose sonnait faux dans ses mots. Il
n'était pas ce soir là le chef de l'Etat français. Il était «Sarko»:
cet énergique politicien qui vous veut du bien, vous sourit
mécaniquement, est bourré de tics et ramène tout à lui: la victoire
arrachée à Bush sur le climat, l'arrêt des souffrances au Darfour... Je
l'ai suivi en campagne électorale, avec le correspondant du Temps à
Paris Sylvain Besson. Il est comme ça. Il lui faut du pathos, de
l'adhésion, une bonne dose de «Je», de «moi».
Amphétamines,
alcool, déprime? Laissons de coté les rumeurs qui vagabondent sur
l'internet. Ce qui m'a sidéré, en cette fin d'après-midi au G8, c'est
que Nicolas Sarkozy ne parlait pas de l'état du monde. Il nous parlait
de lui, de sa «franchise», de son «agenda», de son «calme». D'abord
ivre d'être là. Saoulé par ses propres paroles.